Hochelaga-Maisonneuve, Politique, Vie de quartier

Le Québec mérite mieux qu’un transport public à 365$ par an

Cher Paul St-Pierre Plamondon, vous êtes candidat dans ma circonscription de Camille-Laurin. Vous venez de nous promettre le transport collectif illimité à 365$ par année. Vous pensez ainsi lutter contre les changements climatiques en incitant les Québécois à utiliser la « PasseClimat ». Laissez-moi vous expliquer ce qui empêche beaucoup d’entre nous à adhérer à cette promesse.

La réalité, c’est que beaucoup de résidents de Mercier-est préfèrent l’auto solo, dont le coût est évalué à environ 5000$ par an, à la passe d’autobus (pour Montréal) dont le montant est de 1128$ par an. Ce n’est pas le coût du transport qui rebute les usagers, mais le manque de service.

En voiture, un trajet vers Pointe-aux-Trembles me prend 15 minutes. En autobus, je mets 45 minutes à y aller. Bien sûr, cette difficulté devrait s’estomper avec l’arrivée du REM, que j’espère voir de mon vivant. Si je veux aller à Outremont, je dois prendre trois lignes de métro et je mets 1h à y arriver. J’attends encore la ligne bleue qu’on me promet depuis mon arrivée à Montréal en 1995 pour avoir un accès direct à Jean-Talon. Si je prends le vélo pour aller au centre-ville, je passe près de me faire faucher par les automobilistes sur Sherbrooke est. Il y a pourtant toute la place pour aménager une voie réservée, mais la volonté politique n’est pas là. J’ai passé assez de coups de fils à la ville pour savoir de quoi je parle. Avez-vous déjà pris, à Toronto, ce tramway qui emprunte la rue Queen pour se rendre à la plage ? J’aimerais avoir le même sur Notre-Dame, un tramway qui nous permettrait de partir du Centre-ville pour nous rendre à la promenade Bellerive. Quelle belle façon de donner aux Montréalais un accès au fleuve.

Je dépense en moyenne 3000$ par an pour me transporter; je prends le transport collectif et je partage une voiture avec mon mari. Je ne cherche pas forcément à réduire cette dépense, par contre, je serais prête à dépenser bien davantage pour avoir un transport collectif comme ceux que j’ai eu la chance d’utiliser à Bruxelles, Paris ou Toronto.

Au lieu de nous promettre des rabais sur le transport en commun, promettez-nous un système de transport public efficace. Je suis sûr que nous serions nombreux à délaisser notre voiture.

Vue extérieure du garage et atelier Honoré-Beaugrand (Parc Chénier-Beaugrand)
Sobriété, Zéro déchet

Le fond du baril (ou pas)

Ma relation avec l’alcool est longue et problématique. À quatorze ans, après quelques bières, je devenais extrovertie et négative, en un mot, lourde. Plus tard, j’ai appris à canaliser mon ivresse et à l’utiliser pour me donner de l’assurance. Un verre à la main, je me sentais plus à l’aise, mais j’avais toujours tendance à dépasser la limite, à être trop ivre pour rien, même dans les petites fêtes plutôt calmes ou les soupers entre amis. Je me souviens de l’avoir échappé plusieurs fois, de m’être retrouvée trop souvent trop ivre avec les mauvaises personnes, et d’avoir finalement abîmé des relations.

À l’aube de la trentaine, j’ai fini par comprendre que j’étais fragile. J’ai mis la pédale douce en me disant que je pouvais contrôler ma consommation d’alcool sans arrêter tout à fait. En 2016 et 2017, j’ai fait le mois de janvier sans alcool, et en 2018, j’ai fait le défi 28 jours et récidivé avec un mois de septembre à sec. Je me souviens de mon état mental à l’automne 2018. J’étais épuisée, et je ressentais une grande tristesse dont je ne comprenais pas la cause. J’ai senti le besoin de prendre cette pause à la fois pour comprendre et contrôler cette crise. J’ai pensé que je vivais depuis des années avec cette douleur, mais que je n’avais jamais pris le temps de l’apprivoiser. J’ai repris un verre à l’Action de grâces, j’ai bu du vin dans le temps des fêtes, mais mon idée était faite: j’allais désormais aborder la vie avec sobriété. J’avais touché le fond du baril. Du moins je le croyais.

Je suis sobre depuis janvier 2019, soit près d’un an et demi. Récemment, j’ai un collègue qui m’a demandé si j’avais encore du fun même si je ne buvais plus. Cette question, je ne l’aurais pas formulée dans ces termes. Je n’ai certainement plus la même définition du plaisir qu’à vingt ans. Je compte moins sur la dopamine, plus sur la sérotonine et l’endorphine….L’apéro du vendredi et le souper du samedi ont été remplacés par la course de 5 km du samedi et le 10 km du dimanche, et ce bien avant que je ferme le robinet pour de bon. Imaginez le soulagement de ne plus avoir à me lever déshydratée à l’aube pour aller courir. Je me suis fait ce cadeau.

Outre mon état psychologique et ma santé, il y a une troisième raison qui a motivé mon choix d’être sobre: l’environnement. C’est une considération secondaire, qui n’aurait pas à elle seule justifié toute la démarche, mais qui m’a aidé à prendre cette décision. Depuis trois ans, j’essaie de faire des choix plus responsables, notamment en tendant vers le zéro déchet. De toutes mes habitudes de consommation, l’alcool était la plus discutable. Pourquoi nier l’empreinte écologique de la bière et du vin quand au final leur consommation est complètement superflue ? Pourquoi couper toutes les autres habitudes de consommation superflues (les take-outs au restaurant, les emballages et les décorations d’anniversaire par exemple) mais pas ma précieuse bouteille de vin? Pour rien, justement. J’étais capable de m’en passer. J’ai décidé de m’en passer.

Pourquoi je publie ce billet seulement aujourd’hui? Parce que quand la crise de la Covid-19 a frappé, j’ai franchi toute une étape. Malgré que j’aie été assignée à résidence et mise au chômage technique, je n’ai pas eu envie de boire. J’ai pourtant connu des journées difficiles, mais j’ai décidé de faire face. Ce n’est pas pour célébrer ma volonté de fer que j’écris ce billet, mais pour vous dire que ça se peut de traverser des épreuves sans alcool, et qu’on n’est pas obligés de toucher le fond du baril pour remonter.

Féminisme, Zéro déchet

Les gardiennes

Supposons, que, comme, moi, vous décidiez de consommer autrement. Vous changez votre circuit d’approvisionnement pour générer moins de déchets, vous cuisinez quelque chose que vous achetiez autrefois, vous réparez un objet que vous auriez remplacé sans réfléchir ou vous prenez le temps de vous renseigner dans votre entourage pour voir s’il n’y aurait pas quelqu’un qui soit prêt à donner, vendre ou échanger l’objet recherché. Ce faisant, vous mettez, en moyenne, cinq à six heures par semaine pour diminuer votre empreinte écologique. Ce n’est pas tant que ça, mais ce temps, il faut aller le chercher ailleurs.

Entre le billet sur la charge mentale rédigé en début d’année et une discussion avec la blogueuse Lauraki qui disait que Non, le Zéro déchet n’ajoute rien à la charge mentale des femmes, j’ai eu l’occasion de réfléchir à la question, et j’en reviens toujours au même constat: les femmes prennent intuitivement l’initiative du Zéro Déchet parce qu’elles ont toujours été les gardiennes du cycle de vie des objets. Mes deux grand-mères cuisinaient, fabriquaient leurs vêtements, entretenaient leurs maisons, cultivaient. Leur travail n’était pas rémunéré mais il était essentiel; il rendait les repas plus nutritifs et meilleur marché, redonnait une seconde vie à des objets périmés quand il n’en créait pas carrément de nouveaux. Aujourd’hui, nous gaspillons souvent par manque de temps pour organiser nos ressources.

Dans une série documentaire de RAD sur la décroissance parue récemment, on souligne la nécessité d’arracher du temps au travail rémunéré pour élever nos enfants, réparer nos objets ou les échanger, cuisiner et prendre soin de l’espace domestique. Je le dis depuis que j’ai commencé le Zéro Déchet, il y a quelque chose de dérangeant à ralentir sa consommation; passer plus de temps dans la cuisine, plus d’emplettes, trier, réfléchir, organiser. Des tâches dont toutes les femmes se sont toujours bien accommodées…mais peut-être pas en faisant trente-cinq heures de travail rémunéré par semaine. La consommation massive d’aliments transformés, emballés et importé est la conséquence directe de notre manque de temps et d’intérêt pour les tâches domestiques. Et quand je dis notre, je ne parle pas de nous, les femmes, mais de nous, comme société.

Quand les femmes ont cessé d’être les gardiennes du travail domestique (j’aime le mot housekeeper qui tient en compte cette mission de protection)  pour épouser ce modèle social dans lequel deux conjoints occupent un emploi rémunéré à temps plein, nous avons généré un énorme problème. Nos horaires surchargés se sont accommodés de la surconsommation et du suremballage. Nous aurions du, au contraire, impliquer les hommes dans l’équation, les intéresser au travail domestique et répartir les heures partagées entre le travail domestique (dit invisible) et le travail rémunéré autrement.

Le mouvement Zéro Déchet est une réponse logique et positive à la surconsommation, mais je suis profondément dérangée par le fait que cette réponse soit genrée, voire stéréotypée, en faisant encore la preuve que les tâches domestiques reviennent aux femmes. Tant que les déchets tenaient dans de bons gros sac verts, popa pouvait s’en occuper. Mais on sait très bien qui remplit le bac vert et le  bac brun….

Zéro déchet

Réduction des déchets: le juste milieu

Vous, la famille, les amis, les collègues, venez beaucoup me parler de ma démarche zéro déchet. Vous me dites à quel point c’est admirable mais inaccessible pour vous. Ce faisant, vous soulignez à quel point l’expression zéro déchet est fausse et problématique. Vous avez en tête cette image virginale d’une sainte qui conserve ses vestiges dans un pot de verre, qui fait ses courses à vélo et ne fréquente que le Loco. Cette fausse image de l’idole zéro déchet au mode de vie irréprochable est un obstacle à l’avancée du mouvement pour la réduction des déchets. Vous pouvez très bien réduire votre production de déchets tout en continuant de fréquenter le supermarché, d’acheter les aliments auxquels vous êtes habitués et en produisant une petite quantité de déchets. Personnellement, je n’ai pas de commerce dédié entièrement au vrac dans mon quartier. J’ai donc progressivement modifié certaines habitudes, dont j’ai dressé la liste ici:

Produit Habitude traditionnelle Nouvelle habitude
Lunchs Prendre des plats à emporter Prendre des repas au resto
Pâtes Paquet régulier, emballage plastique ou autre Boîte de pâtes Catelli recyclable
Riz Paquet régulier Emballage plastique recyclable et/ou acheter un paquet plus gros
Fruits Emballés dans du plastique Dans un filet
Légumes Locaux ou importés avec ou sans emballage En été: locaux, non emballés. En hiver, locaux si possible et avec un filet. Adapter mes choix et mes menus aux produits disponibles, non emballés
Viande Acheter au supermarché Amener mes contenants chez le boucher
Tofu Je n’en mangeais pas J’en consomme au moins une fois par semaine, emballé, mais cela contribue à réduire mon empreinte écologique (moins de viande)
Fromage Au supermarché Dans mes contenants, fromager
Yogourt Format individuel Format familial
Pain Tranché, emballé dans du plastique Non tranché, dans un sac en tissus ou en papier
Papier de toilette Emballé dans du plastique Emballé dans du papier
Rasoirs Jetables Réutilisable
Shampoing En bouteille En vrac

L’autre question qui revient souvent, c’est le prix de mes courses. Comme les aliments dans les boutiques spécialisées sont très chers, je pensais au début que la facture grimperait rapidement. Mais après un an à modifier mes habitudes, je fais plutôt des économies. La raison est simple: je freine constamment mon envie de consommer en me demandant si c’est écoresponsable. Oui, j’aurais parfois envie de me commander du poulet, mais quand je pense que ça laisserait derrière une livre de déchets (mon poids de déchets pour une semaine) je change vite d’avis. Oui, je paie ma douzaine de rouleaux de papier de toilette huit dollars au lieu de votre paquet en spécial à 4,50$, mais je n’achète pas ni Kleenex, ni essuie-tout. J’économise sur les produits ménager en les remplaçant par du vinaigre. Je fais moi-même la plupart de mes recettes, et si je n’ai pas envie de cuisiner, je me déplace au resto.

Donc en gros, tout le monde peut faire mieux, aller un peu plus loin, s’améliorer, suffit de trouver le juste milieu. Suffit de se demander ce qu’on peut améliorer, ce qu’on est capable de changer, et de faire le tri dans ses habitudes.

 

Vie de quartier

Quatre choses à considérer en achetant votre condo

Ça fait cinq ans que je suis propriétaire d’un condo. Ce n’était pas un coup de cœur, mais un choix rationnel fait en fonction de nos objectifs financiers. Honnêtement, nous sommes satisfaits de ce premier achat. Mais après quelques années, nous avons besoin de changer de modèle. Voici pourquoi.

1-Les charges

Quand on est locataire et qu’on veut devenir propriétaire, le condo est une excellente transition. Le fait de partager la maintenance d’un bâtiment à plusieurs est une bonne façon de s’habituer à la vie de propriétaire. Par contre, il faut que le travail soit fait, et tout le monde n’a pas le même degré d’implication. Donc, au final, vous vous retrouverez peut-être à faire la part de ceux qui ne s’impliquent pas du tout. Je suis dans une copropriété de huit unités, et quatre propriétaires seulement s’impliquent, et encore, pas au même niveau. Après deux ans dans l’immeuble j’ai du faire ma part et m’impliquer dans le syndicat. J’ai découvert que le conseil avait de nombreuses charges et énormément de décisions à prendre.

2-Les espaces communs

Si vous partagez des espaces avec vos copropriétaires, vous aurez à gérer ceux-ci démocratiquement. Même si ce n’est qu’une minorité qui s’implique, tout le monde a son mot à dire sur la gestion des plates-bandes, du stationnement et des balcons. De longues discussions sont à prévoir, sans garantie de consensus. Dans une copropriété, il y a des familles qui recherchent un milieu de vie, des couples de retraités qui ont besoin de tranquillité, des célibataires qui sortent jusqu’aux petites heures du matin, etc. Tout ce beau monde-là doit s’entendre. Ce n’est pas toujours évident.

3-Les espaces verts

Il est très difficile de trouver un condo qui s’ouvre sur un espace vert. Quelques-uns offrent l’option terrasse, mais pas de jardin. Avec un enfant, c’est possible à gérer en faisant des escapades au parc, mais avec deux enfants, ça se complique et avec les devoirs qui entrent dans la routine à partir de six ans, on souhaite vraiment trouver un logement muni d’une cour. Ce qui est impossible en condo.

4-Une troisième chambre

Faites l’exercice suivant: rechercher des condos de deux chambres, à moins de 450 000$ à vendre sur Centris. Vous en trouverez 1200. Passez maintenant à trois chambres: seulement 366 propriétés trouvées. Le choix se restreint encore plus si vous avez un plafond de 350 000$…Bref, trouver un condo qui vous plaît quand vous avez deux ou trois enfants, c’est pratiquement impossible.

Je le répète, l’achat d’un condominium demeure un excellent choix pour les premiers acheteurs. C’est aussi un excellent placement à court ou moyen terme. Suffit de savoir dans quoi on s’embarque.

Zéro déchet

Le prix du changement

En février 2017, ma famille et moi avons fait un virage écologique. Nous tentons d’éliminer autant que possible les emballages, avons ralenti notre consommation de viande, limitons l’utilisation de la voiture et consommons plus local. Lorsque j’ai parlé de cette résolution au conseil de famille, mon mari et mes filles ont acclamé à l’unanimité l’adoption des trois R : réduire, réutiliser, recycler. Dans les faits, j’ai pris sur moi de modifier les habitudes de la maisonnée.

Par conséquent, toutes les tâches additionnelles découlant de ce changement d’habitude ont atterri dans ma cour. C’est moi qui qui fait le souper six soir sur sept; il m’incombe donc de préparer les sauces, bouillons, galettes, pâtes à pizza, tortillas et autres recettes sans déchets. C’est moi qui ai cousu les sachets de tissus destinés aux emplettes. J’ai planifié toutes les courses, sans emballage, le plus près possible de la maison. J’ai cherché et testé des recettes tout l’été pour cuisiner le contenu du panier bio. Bref, j’ai travaillé très fort pour réorganiser notre vie à l’intérieur de ces nouveaux paramètres.

Je ne reviendrai pas en arrière. Ces choix sont bénéfiques non seulement pour moi mais pour ma famille et pour l’environnement. Les enfants comprennent déjà qu’il faut réduire l’emballage, recycler et composter. Le problème, c’est que notre nouveau mode de vie repose sur mon travail invisible, une somme incalculable de petits gestes qui font certes une différence, mais qui me compliquent la vie. Je paie le prix de ce changement, tous les jours. Ce petit supplément me permet de mesurer l’importance de chaque geste.

Est-ce un hasard si le mouvement zéro déchet est essentiellement un mouvement féminin ? Je ne pense pas. Qu’on pense à Béa Johnson, ou, plus près de nous,à Lauraki.

Sobriété

Quatre indices que c’est le verre de trop…

Hier ma sœur est venue à la maison. On a passé l’après-midi dehors et on est rentrés à l’heure de l’apéro, affamés et assoiffés. On a débouché des bières et on a discuté autour de la table pendant que les enfants jouaient. On a continué ça autour d’un souper avec du vin. Pendant que mon chum baignait les enfants, on a terminé la discussion avec un Calvados en faisant la vaisselle. Quand ma sœur est repartie en taxi, il était encore tôt et les enfants voulaient retourner dehors. Un peu pompette et les jambes molles, je suis sortie et j’ai marché jusqu’au parc, à contrecœur. J’ai accompagné mon aînée dans ses jeux en baillant. Je me suis couchée en même temps que les filles, non sans leur crier plusieurs fois d’arrêter de faire du bruit. J’aurais sans doute crié aussi si je n’avais pas bu, mais pas aussi fort.

À minuit, je me réveille en sueur avec la bouche pâteuse et le ventre qui gargouille. Je m’en veux de m’être laissée aller à boire autant un dimanche soir. Je revois ma soirée au ralenti et il me semble que je n’ai rien vu aller. Je me tape une heure trente d’insomnie en me disant que ça ne va pas du tout, qu’à 38 ans, j’ai passé l’âge de trop boire.

Ce qui ne va pas:

  1. J’ai la nette sensation d’avoir prononcé des paroles superflues et d’en avoir laissées d’autres en suspens quand certaines précisions s’imposaient.
  2. Mon état somnolent m’a empêché de profiter de ma sortie au parc en fin de soirée.
  3. J’ai perdu mon calme au moment de coucher les enfants.
  4. J’ai raté l’occasion de souhaiter une bonne fin de soirée à mon chum.

Trois citations prononcées au cours de la soirée:

  1. « Dans la famille, on ne tient pas si bien l’alcool que ça. Ça nous rend mou. » S’ensuit une longue énumération de toutes les fois ou quelqu’un de la famille a eu l’air niaiseux à cause de l’alcool.
  2. « Je ne suis pas assez mature pour avoir un cellier. Je boirais plus, c’est sûr. » Mon chum me dit qu’il y a plein d’alcool dans la maison et que je me tiens plutôt bien. J’en doute.
  3. « Le Kombucha, en terme de goût, c’est vraiment une alternative acceptable au vin et à la bière, pis en plus c’est bon pour la santé. »

Quelque chose me dit que quelqu’un est dû pour un changement d’habitudes…

Zéro déchet

Vers le zéro déchet: six changements bénéfiques

Depuis février, je tends vers la consommation zéro déchet. Je ne suis pas parfaite, mais j’essaie de produire un minimum de matières résiduelles. Chaque jour, mon sens de l’organisation et ma volonté sont mis à l’épreuve. Voici six situations qui ont nécessité un changement de comportement, changement qui s’est avéré bénéfique.

#1 : au travail

Être zéro déchet à la maison, c’est bien, mais ça ne sert à rien si je me comporte autrement dès que je passe la porte. J’ai du revoir mon mode de fonctionnement au travail. Le bureau n’étant pas équipé pour trier les matières compostables, je rapporte avec moi mes épluchures et autres cœurs de pommes dans un pot de confiture Bonne Maman,  que je vide ensuite dans mon propre bac à compost. Je réutilise l’endos de mes feuilles de papier, dont ma consommation diminué aux trois-quarts. À part quelques stylos en fin de vie, ma corbeille est vide; j’ai même recommencé à utiliser des bons vieux crayons au plomb et mis de côté les marqueurs. Je ne jette rien à la cuisine non plus; équipée de ma boîte à lunch, je place les aliments dans des contenants lavables.

#2: lunchs abordables

Je veux bien faire mon lunch, mais il y a des moments exceptionnels où je n’ai ni l’envie, ni les stocks pour remplir ma boîte à lunch. Arrive donc le jour où à midi tapant, je suis encore à mon bureau à me demander quoi manger. On oublie le take out en styromousse et l’emballage plastique de la boulangerie du coin ainsi que la commande de pad thaï. Je finis par me pointer au resto vietnamien qui fait des sandwichs végés à emporter dans un sac de papier brun. Un sac compostable que je glisse dans mon sac à main pour le ramener à la maison. Pas de déchet, et en prime, un lunch vraiment abordable.

#3: lunchs en bonne compagnie

Le dilemme du repas se pose de nouveau quelques jours plus tard. Je n’ai pas amené de dîner et mon ventre crie famine. La boulangerie du coin m’appelle irrésistiblement. Je texte une copine qui travaille à côté: « on se retrouve au resto dans dix minutes ? » Invitation acceptée. Je fais d’une pierre deux coups: je mange dans de la vraie vaisselle et je passe quarante-cinq minutes à mettre à jour mes commérages. Et quand on y pense, c’est habitude assez malsaine, que la nourriture pour emporter. Comme si nous n’avions plus le temps de nous asseoir à une table de restaurant. Comme s’il fallait absolument se précipiter chez soi pour manger seul…alors que manger à une table de restaurant, c’est si agréable.

#4: changements chez les proches

Tout le monde veut savoir: au quotidien, comment je fonctionne ? J’explique, je justifie. Puis, le vent tourne; les autres me parlent. Une collègue m’avoue qu’elle se questionne sur mes habitudes à chaque fois qu’elle met quelque chose à la poubelle. Ma mère me téléphone pour me dire qu’elle a passé en revue ses habitudes et qu’elle a fini par se faire un tas de matières compostables au bout du terrain. Ma propre fille me fait la tête le jour ou je me laisse tenter par un sac (en plastique) de pommes. Ma démarche fait des petits. Ça réfléchit autour de moi.

#5: moins de viande rouge

Qu’est-ce qui se vend presque automatiquement sur une plaque de styromousse ? Qu’est-ce qui est le plus onéreux quand on le commande chez le boucher ? Le bœuf et l’agneau. En devenant zéro déchet, je ne me doutais pas que j’allais réduire mon empreinte écologique autrement. Manger de la viande rouge, quand on y pense à deux fois, quand il faut prendre la peine de se rendre chez le boucher pour commander à la pièce, c’est coûteux et compliqué, surtout quand ce n’est pas ce qu’on préfère. Donc, on consomme maintenant de la viande rouge une seule fois par semaine. Légumineuses, poisson, pâtes, omelette et volaille sont au menu.

#6: Bye bye, Jean Coutu

Ça fait des années que ça ne va plus lui et moi. J’ai d’abord cessé de me maquiller, puis, je me suis mise à acheter mon papier de toilette et mes produits nettoyants au magasin écologique. Finalement, j’ai adopté la brosse à dent de bambou et la fleurcup. Aujourd’hui, je peux le dire, j’ai mis derrière moi les visites hebdomadaires à cette pharmacie qui vend beaucoup trop de bonbons à mon goût.

Devenir zéro déchet est le changement le plus surprenant que j’aie fait dans ma vie. J’ai découvert un monde d’habitudes différentes qui m’étonnent à chaque fois. Osez changer, ne serait-ce qu’une seule habitude, pour faire la différence.

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Hochelaga-Maisonneuve, Vie de quartier

Hochelaga, mon milieu de vie

C’est cette semaine que ce sont tenues les assises sur la gentrification à Hochelaga, au lendemain d’un festival contre la gentrification qui s’est tenu au Parc Hochelaga. Comme j’habite à un jet de pierre de l’endroit, j’ai exprimé mes craintes aux organisateurs de l’événement. Mais ceux-ci ont soutenu leur point de vue de façon juste et sans mépris, donc j’ai compris qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Par contre, le niveau d’échange sur les réseaux sociaux était préoccupant. Les  résidents vilipendaient les représentants mouvement anti-gentrification à coup d’ironie, de sarcasme et d’attaques personnelles. En gros, on leur reprochait d’être les représentants et les défenseurs de la misère sociale, alors que ceux-ci se démènent pour maintenir un niveau de vie acceptable chez les plus pauvres (en se battant pour maintenir les logements abordables et une offre commerciale économique, entre autres).

Je fais partie du clan des méchants, les jeunes familles propriétaires de condos récemment débarqués dans le quartier. Je suis une citoyenne engagée, le genre qui signale aux élus tout ce qui ne va pas, qui s’informe, qui discute. J’ai grogné sur les écoles, la gestion des matières résiduelles, l’aménagement, la circulation. Je ne lâche jamais le morceau. Sans être touchée par les problèmes de logement, je comprends donc ceux qui interpellent sans relâche les politiciens pour qu’ils interviennent afin de calmer la spéculation immobilière. Mais je dois l’avouer, ma fibre socialiste en mange un coup quand on me met dans le clan des propriétaires, capitalistes et fortunés, moi qui, il n’y a pas si longtemps, vivais dans la précarité. Moi qui ai été locataire jusqu’à 34 ans. Moi qui suis venue ici, comme pas mal d’autres, pour acheter à un prix raisonnable avec mon salaire de classe moyenne.

Les services publics ne sont pas à la hauteur à Hochelaga. Les rues sont mal entretenues, pleines de trous. Les parcs sont sales, les poubelles sont pleines. Trois écoles sont fermées à cause des moisissures. On meurt plus jeune dans l’est de Montréal qu’ailleurs sur l’île, parce que les soins de santé y sont presque inexistants. Depuis un an, j’essaie de modérer la circulation dans la ruelle commerciale qui jouxte mon condo, mais aucun règlement d’arrondissement ne me facilite la tâche, plutôt le contraire. Alors que les ruelles vertes fleurissent sur le Plateau et dans Rosemont, rien ne semble vouloir freiner la toute-puissance de l’automobile dans notre quartier. Dans ce sens là, Hochelaga reste et demeure un genre de far west où tout est permis. L’alcool coule à flot, tu peux acheter de la drogue tout le temps, et ne va pas te plaindre qu’il y a trop d’autos dans ta ruelle. Le consommateur, bien intentionné ou pas, est tout-puissant. Même s’il nuit à la qualité de vie des résidents. Frustrant.

Mais moi, c’est ici que j’ai choisi de vivre. Pour avoir les moyens de vivre, justement. Pour être à vingt minutes à pied de mon travail, de façon à passer plus de temps avec ma famille. Parce qu’il y a des commerces de proximité, parce qu’il y a des parcs. Parce que je ne me reconnais dans cet endroit qui n’est certes pas parfait, mais qui m’a donné la chance de sortir de la précarité et d’avoir enfin un petit quelque chose à moi: un milieu de vie. Parce que, en allant déposer ma fille à l’autobus tous les matins, je croise d’autres parents, d’autres travailleurs, des gens qui font maintenant partie de mon quotidien, de celui de mes enfants. Notre école sera prête le 21 juin, je discute avec le conseiller d’arrondissement pour apaiser la circulation sur ma rue, j’ai bon espoir que les choses s’améliorent. Hochelaga, c’est mon milieu de vie, parce que c’est ici que je suis devenue citoyenne. J’estime que revendiquer et exiger que les choses changent dans un certain milieu de vie permet de se l’approprier. C’est le degré zéro de la vie citoyenne. En ce sens, j’ai une certaine empathie pour les tenants du mouvement anti-gentrification, même si je fais partie du problème.

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Zéro déchet

Zéro déchet: les quatre premières semaines

Je n’aime pas les objets. Ils me dérangent, encombrent mon espace. Il faut les magasiner, les entretenir, leur faire une place dans son logis, puis, éventuellement, les jeter. De plus en plus, on saute les deux étapes intermédiaires; on achète, on consomme, on jette. Ma journée finit toujours de la même façon; laver la vaisselle, ranger, jeter. Avec les vêtements, les jouets, les livres, tous les trois ou six mois, le même exercice; classer, ranger, réparer, jeter. En ce début d’année, j’ai dit, c’est assez. Je veux une vie plus simple, moins frustrante. Je veux acheter moins, quitte à réparer plus, et jeter moins.

En quelques jours, nous sommes devenus une famille zéro déchet. Il faut dire que j’ai quelques pré-requis. Je ne me maquille presque pas. Je m’habille presque entièrement dans les friperies. J’achète mes produits nettoyants en vrac depuis longtemps, en me contentant de quelques articles indispensables; savon à lessive, vinaigre, bicarbonate de soude. J’utilise des mouchoirs en tissus. Dans mon quartier, on fait le ramassage du compost à domicile. L’Armée du salut récolte tous les objets dont nous ne voulons plus. Mon seul défi, pour le moment, c’est l’achat de nourriture en vrac, puisque ma poubelle se remplit presque exclusivement d’emballages alimentaires.

Semaine 1: on se lance

28 janvier, on se lance ! Les sacs en tissus et tupperware nous accompagnent au Marché Maisonneuve. Sur les conseils d’un habitué du zéro déchet, nous avons commandé notre viande au boucher, nos fromages aux fromager, notre pain dans un sac en tissu au Première Moisson, et nous nous sommes débrouillés pour choisir parmi les fruits et légumes non emballés au Jardin Dauphinais. Les commerçants ne sont pas embêtés le moins du monde, ils nous témoignent même une certaine admiration. À deux reprises, nous avons entendu des murmures d’approbation d’autres clients près de nous.

Cette semaine-là, j’ai écoulé mes stocks d’aliments emballés, j’ai donc produit mon 10 litres de déchets habituels. Mais la semaine suivante, mes déchets avaient baissé à 3-4 litres, je n’avais donc pas besoin de sortir les poubelles. J’en ai profité pour changer ma poubelle de cuisine pour un contenant de 5 litres.

Semaine 2: un pas à la fois

Le 4 février, j’avais un anniversaire avec bar à bonbons à organiser, direction Bulk Barn. Bonbons, céréales, biscuits, raisins secs, bretzels. Les pâtes sont d’une qualité douteuse, je me résigne dont à maintenir mon habitude d’acheter des Catelli et recycler la boîte. Ensuite, Marché Jean-Talon pour les fruits et légumes ainsi que les œufs. En achetant mes patates, j’apprends que le garçon qui me les vend les cultive lui-même à Saint-Rémi. À la Fromagerie Hamel, les enfants s’en donnent à cœur joie en choisissant et dégustant les fromages que nous achèteront. Je viens de trouver un ingrédient essentiel au succès de ma démarche: le plaisir de faire les courses au marché. La richesse de l’expérience que constitue l’achat local compense largement la satisfaction que nous avions à faire le plein d’aliments chez Costco.

Le 7 février, notre petit sac contient à peine 1 litre de de déchets. Nous progressons. L’anniversaire de ma fille se déroule sans encombre et les parents de ses copines jouent le jeu en nous offrant des cadeaux écolos, pas emballés ou usagés, chacun à la mesure de sa capacité. Je l’apprécie.

Semaine 3: on s’organise

Le 12 février, nous faisons un pas de plus et misons sur nous commerces de proximité. Produits nettoyants au Terre à soi, pain et fromage au ArHoma, boucherie Beau-Bien, saucisses chez William Walter et fruits et légumes au Fruits du jour. Nous sommes quelques peu déçus par l’offre en légumes non-emballés à cette dernière adresse. À part les navets, oignons et patates douces, nous n’aurons pas grand-chose à nous mettre sous la dent. Par contre nous avons des fruits à profusion dans nos sacs de tissus: pommes, poires, pêches et bananes. À ma grande surprise, la biscuiterie Oscar n’offre pas un grand choix de bonbons en vrac; mais on y trouve des fruits séchés, des biscuits en vrac et des Jelly Bean au poids. Et le service est excellent.

Semaine 4: si on allait plus loin?

19 février: en lisant David Servan-Shreiber, je réalise que la pollution due à la consommation de viande est plus élevée que celle attribuable aux déchets domestiques. Si je veux faire une différence, je devrai donc aussi me résigner à diminuer ma consommation de viande. Je visite Vrac et bocaux pour y prendre farine, cacao, œufs, fromage, saucisson et quelques fruits et légumes locaux, mais l’expression faire le plein de s’applique pas ici. Bien qu’on y trouve un peu de tout, cette boutique est loin de chez moi et son offre est trop incomplète pour que ça vaille la peine de m’y rendre. Je devrai trouver une solution de rechange pour les aliments secs, quitte à me rendre une fois par mois chez Bulk Barn pour remplir mes armoires.

Oui, je suis fière de ces changements. Oui, ça me complique la vie, et ça implique entre autres de réfléchir avant d’acheter, de s’organiser avant d’aller faire les courses, et de renoncer à certains achats une fois sur place. Ça tue la spontanéité des commandes de pizza ou des sacs de chips du samedi après-midi. Mais je suis capable de m’en passer (mon chum trouve ça plus dur). Par contre, ça force l’inventivité. Hier, j’ai fait des chips de pelures de pommes de terre avec les épluchures qui, autrement, se seraient retrouvé au compost. La nécessité est mère de l’invention.